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Fait marquant | Cancer

Comment la protéine NLRP7 contribue-t-elle au camouflage de la cellule tumorale placentaire ?


Les résultats des chercheurs de l'Irig montrent le rôle de la protéine NLRP7 dans le développement du choriocarcinome gestationnel (CG) et sa contribution dans l'atténuation de la réponse immunitaire maternelle en favorisant la croissance et la progression de ce cancer. L’ensemble des résultats obtenus dans cette étude fait de NLRP7 une cible thérapeutique pour traiter le CG.

Publié le 16 décembre 2021
Nlrp7 est le gène le plus muté dans la môle hydatiforme complète récurrente (MHC), grossesse anormale bénigne qui évolue dans 20 % des cas vers un cancer très agressif, le choriocarcinome gestationnel (CG). En 2019, des chercheurs de l’Irig ont démontré [1] que la protéine NLRP7, produit de l’expression du gène Nlrp7, était directement impliquée dans la prolifération, l’invasion et la différentiation du trophoblaste normal. Cependant, l’éventuel rôle de Nlrp7 dans le développement et la progression du CG n’avait pas été étudié à ce jour.

Des chercheurs de l’Irig ont alors émis l’hypothèse [2] que la protéine NLRP7 contribue à l’acquisition par la cellule tumorale placentaire d’un caractère immunosuppresseur lui conférant un camouflage moléculaire pour proliférer et métastaser vers le cerveau, le poumon et le foie. Afin de démontrer cette hypothèse, ils se sont posés les trois questions suivantes  :

La protéine est-elle exprimée aux mêmes niveaux dans le placenta normal et tumoral ? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont mené une étude clinique en étroite collaboration avec le centre de référence des maladies gestationnelles trophoblastiques et ont démontré que la protéine NLRP7 était significativement plus exprimée dans le placenta d’une MHC ou CG que dans un placenta normal.
Quel serait l’impact de l’invalidation du gène Nlrp7 sur la cellule tumorale placentaire humaine ? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont invalidé le gène Nlrp7 dans la cellule tumorale placentaire. Ils ont démontré que l’absence de la protéine NLRP7 impacte directement la prolifération, l’invasion et l’organisation tridimensionnelle de la cellule tumorale. Aussi, ils ont démontré que l’absence de cette protéine modifie le répertoire des marqueurs de la tolérance immunitaire de la cellule tumorale, l’exposant davantage au système de contrôle immunitaire maternel.
Une preuve de concept impliquant un modèle animal de choriocarcinome, validerait-elle les observations cliniques et les études in vitro ? Pour répondre à cette question, les chercheurs se sont appuyés sur un modèle animal de choriocarcinome qu’ils avaient récemment développé [3]. Ce modèle est basé sur l’injection de cellules tumorales humaines directement dans le placenta de la souris gravide avec un suivi rapproché du développement et de la progression tumorale. En comparant le développement tumoral chez les souris injectées par des cellules tumorales exprimant ou non le gène Nlrp7, ils ont conclu que les cellules invalidées étaient plus exposées au système immunitaire maternelle. D’autre part, les souris injectées par les cellules invalidées développaient des tumeurs plus petites et présentaient moins de métastases. L’analyse des tumeurs a confirmé l’augmentation des voies d’activation du système immunitaire maternelle.

Les résultats des chercheurs ont permis de mettre en évidence le rôle critique de la protéine NLRP7 dans le développement du CG. Ils ont également montré sa contribution dans l’établissement d'un microenvironnement maternel immunosuppresseur qui atténue la réponse immunitaire maternelle tout en favorisant la croissance et la progression de ce cancer. L'étude propose que la protéine NLRP7 joue un rôle facilitateur de la prolifération des cellules tumorales du CG et qu’elle soit de ce fait classée parmi les acteurs majeurs du développement de ce cancer. L’ensemble de ces résultats suggèrent fortement que la protéine NLRP7 puisse être considérée comme une cible thérapeutique pour traiter le CG. Fort de ces résultats, les chercheurs, soutenus par la Ligue régionale contre le cancer, vont désormais entreprendre des études cliniques pour tester cette hypothèse.

Le trophoblaste est une couche de cellules à l'origine du placenta.



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